A quoi sert l'Hormone Antimüllérienne ?
Le dosage de l'hormone antimüllérienne (AMH) est une pratique qui a su s'imposer dans le bilan d'infertilité, compte tenu des nombreux avantages qu'elle offre. En effet, elle est souvent prescrite quand des ambiguïtés sexuelles se présentent. De quoi s'agit-il ? Quels sont les intérêts du dit-dosage ? Et finalement, quels traitements adopter en fonction des résultats ?
Hormone antimüllérienne : De quoi s'agit-il ?
L'Hormone Antimüllérienne (AMH) est une hormone protéique homodimérique. Produite par les gonades, elle appartient à la superfamille du Transforming Growth Factor, connue généralement sous l'abréviation TGF-?. La sécrétion de l'AMH se fait aussi bien chez le mâle que chez la femelle. En effet, ce sont les cellules de Sertoli qui sont responsables de sa production chez le mâle. Elle est par contre secrétée chez la femelle par les cellules de la granulosa des follicules ovariens, pendant leur période de croissance, du stade primaire au stade antral débutant (lorsque le follicule ne dépasse pas 4mm de diamètre).
Chez la femme, l'Hormone antimüllérienne est un excellent marqueur biologique qui permet d'évaluer la réserve ovarienne disponible. Autrement dit, elle apprécie la capacité d'ovulation et détermine la réponse folliculaire dans le cadre d'une induction d'ovulation, que le traitement soit par Insémination avec sperme de conjoint (IAC) ou simplement par fécondation in vitro (FIV). Chez l'homme, l'AMH est un critère fiable indiquant l'existence de spermatozoïdes testiculaires.
Les différents niveaux de l'Hormone antimüllérienne
Les niveaux de sécrétion de l'hormone Antimüllérienne varient en fonction du sexe et de la croissance physiologique. Notons à ce titre que la quantité d'AMH produite par l'ovaire est très faible chez la femelle. A l'inverse, les taux d'AMH sont significativement plus élevés chez le mâle.
Par ailleurs, les valeurs d'AMH sont très importantes à la naissance de l'homme, suite à l'augmentation de la testostérone intratesticulaire, puis diminuent en péri-puberté, compte tenu de la rétroaction négative de la testostérone. Chez la femme, la sécrétion d'AMH atteint son maximum en période de puberté, décroît ensuite avec l'âge et devient carrément indétectable après la ménopause. De même, le taux d'AMH circulante est corrélé au nombre de follicules primordiaux. A ce titre, les femmes dont le nombre de follicules en croissance restants est faible présentent généralement des niveaux d'AMH réduits. En règle générale, plus le nombre de follicules primordiaux diminue, plus le taux d'AMH baisse.
Intérêt du dosage de l'hormone antimüllérienne
Le dosage de l'AMH informe d'une façon précoce sur le potentiel de fertilité et offre la possibilité de prédire des infertilités éventuelles. En effet, sur le plan ovarien, cette pratique reflète de façon fiable le stock disponible de follicules et permet d'en anticiper l'épuisement, en comparent les résultats trouvés aux valeurs de référence indiquées. En outre, le dosage d'AMH peut s'avérer utile pour garantir une meilleure réponse quant à la stimulation ovarienne. Dans ce sens, des études, notamment celle de Themmen et al. réalisée en 2002, ont montré qu'il y a bien une corrélation entre la concentration d'AMH et la réserve folliculaire, ce qui signifie que les femmes dont les taux d'AMH sont plus importants tendent à avoir une probabilité de succès plus élevée des tentatives d'Assistance Médicale à la Procréation.
Chez l'homme, l'intérêt particulier du dosage de l'AMH dans le liquide séminal réside dans le fait que les concentrations d'hormones antimüllériennes représentent un excellent indicateur de la spermatogenèse, qui permet de donner des renseignements prédictifs sur l'existence de spermatozoïdes testiculaires.
N.B : L'hormone antimüllérienne est dosée à travers un simple prélèvement de sang, peu importe le stade du cycle menstruel de la femme.
Traitements adéquats en fonction des résultats
De façon générale, des taux d'AMH très bas associés à un nombre réduit de follicules apparaissant sur l'échographie peuvent être interprétés par une altération de la réserve ovarienne. Il est possible ici d'envisager un traitement par stimulation ovarienne, suivie d'une fécondation in vitro (FIV) qui consiste à injecter intracytoplasmiquement des spermatozoïdes dans chaque ovule. Par ailleurs, et en fonction de l'âge de la patiente, celle-ci pourra bénéficier d'un don d'ovocytes dans le cas d'une insuffisance ovarienne prématurée.
Il importe également de signaler que les femmes souffrant de certains syndromes tels que les ovaires polykystiques (SOPK) ont tendance à avoir un taux d'hormone antimüllérienne très élevé. Celui-ci augmente avec la surface ovarienne mesurée grâce à un examen échographique. Dans ce cas, le traitement généralement proposé est une stimulation ovarienne qui doit être surveillée rigoureusement pour ne pas tomber dans des problèmes d'hyperstimulation.
Les patients souhaitant consulter pour un bilan d'infertilité, peuvent ainsi, grâce au dosage d'AMH, évaluer leur activité gonadique. Cependant, bien que le dosage d'AMH soit un bon indicateur quantitatif de la réserve ovarienne chez la femme et de la spermatogenèse chez l'homme, il ne peut, en aucun cas, être pris comme seul facteur décisif. En effet, une bonne interprétation des résultats induit impérativement de prendre en compte des éléments supplémentaires, notamment l'âge de la patiente, une combinaison des autres dosages hormonaux ou encore les éventuelles maladies sous-jacentes, et d'en étudier soigneusement l'impact.
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